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Les investisseurs pourraient être tentés de réduire leur exposition aux actions en ce moment. Après tout, les principaux indices boursiers mondiaux, du STOXX Europe 600 au Dow Jones des valeurs industrielles, ont atteint des niveaux records ces dernières semaines. Et puis, il y a le vieil adage qui dit : « il vaut mieux tout liquider en mai, puis s’en aller », qui sous-entend que les investisseurs devraient se débarrasser de leurs actions pendant l’été et réinvestir à l’automne. Je ne suis pas une adepte des stratégies d’investissement saisonnières et je ne crois pas qu’il faille nécessairement craindre les nouveaux sommets des marchés. Voici six raisons pour lesquelles je suis persuadée que les marchés boursiers pourraient encore progresser.
Dans mon article de la semaine dernière, j’ai écrit que la donnée la plus importante de la semaine serait l’indice des prix à la consommation (IPC) d’avril aux États-Unis. Je disais cela parce que la désinflation aux États-Unis semblait avoir stagné au premier trimestre. La bonne nouvelle est que l’IPC global était conforme aux attentes, à savoir 0,3 % en glissement mensuel et 3,4 % en glissement annuel.1 Plus important encore, l’IPC de base était de 0,3 % sur un mois et de 3,6 % sur douze mois.1 L’IPC de base était à son plus bas depuis avril 2021.1
Et si, à première vue, l’indice des prix à la production (IPP) des États-Unis pour le mois d’avril semblait plus élevé que prévu, un examen plus approfondi révèle une augmentation sans conséquence. En outre, les ventes au détail aux États-Unis ont été inférieures aux prévisions.
Ensemble, ces données récentes indiquent que l’économie américaine a légèrement ralenti et que la désinflation a repris. Cela devrait contribuer à rassurer la Réserve fédérale américaine et l’inciter à amorcer des baisses de taux dans un avenir rapproché. Des baisses de taux pourraient faire grimper les cours boursiers. Au cours des 12 mois qui ont suivi le début de chacun des sept derniers cycles de baisses de taux de la Fed, les cours des actions mondiales, représentées par l’indice MSCI Monde tous pays, ont augmenté en moyenne de plus de 6 %.2 Et si l’on exclut le cycle de baisses de taux qui a débuté en 2007, alors que la crise financière mondiale venait de commencer, le rendement moyen de l’indice MSCI Monde tous pays s’élève à plus de 10 %.2
Il fallait que la période de déclaration des bénéfices soit bonne au premier trimestre pour être confiants que les cours boursiers vont augmenter. Et, dans l’ensemble, c’est ce qui s’est passé.
Comme je l’ai déjà mentionné, les rachats d’actions sont en hausse dans de nombreuses régions du monde. Par exemple, il y a quelques semaines à peine, Apple a annoncé son intention de racheter pour 110 milliards de dollars de ses actions. En outre, les entreprises européennes et britanniques ont considérablement augmenté leurs rachats d’actions, dont les ratios atteignent désormais ceux observés aux États-Unis. Une étude réalisée en 2021 par la Owings School of Business de l’université Vanderbilt a examiné 17 années d’activité de rachats d’actions et a conclu qu’en plus de contribuer à l’augmentation des cours des actions, les rachats augmentaient également la liquidité et réduisaient la volatilité.5
Il est vrai que certaines actions américaines affichent des valorisations élevées, mais la plupart des actions à forte valorisation de type « 7 magnifiques » sont évidemment soutenues par une forte croissance attendue des bénéfices, alors que de nombreuses actions d’ailleurs dans le monde affichent des valorisations faibles par rapport à leurs fourchettes historiques. Par exemple, la valorisation des actions chinoises est très attrayante; ces titres se négocient à l’extrémité inférieure de la fourchette du ratio cours-bénéfice corrigé des variations cycliques (RCBCVC) à long terme. Quant aux actions japonaises, des marchés émergents, européennes et britanniques, elles se situent toutes autour ou en-dessous de leur RCBCVC.6
Bien que la valorisation permette rarement de prédire un rendement supérieur à court terme, en règle générale, les actions faiblement valorisées ont souvent réalisé un potentiel de plus-value du capital grâce à un ou plusieurs catalyseurs, comme des bénéfices supérieurs aux prévisions ou une certaine forme de soutien monétaire. Autrement dit, ensemble, une faible valorisation et une agréable surprise peuvent avoir un effet bœuf. À mon avis, il se peut que les actions étrangères et celles des sociétés à plus petite capitalisation obtiennent de meilleurs rendements lorsque les taux vont baisser et qu’une réaccélération de l’économie mondiale sera sur le point de s’amorcer.
Comme je l’ai déjà dit, certains investisseurs, tant individuels qu’institutionnels, surpondèrent fortement les liquidités. Ces liquidités excédentaires non investies devraient migrer vers les titres à revenu fixe et les actions lorsque le début des baisses de taux semblera imminent. Cela pourrait avoir l’effet d’un puissant catalyseur pour les marchés boursiers.
Je vous rappelle que la valeur des actifs du marché monétaire américain a culminé au quatrième trimestre de 2008 avant de chuter de façon spectaculaire. Ce n’est pas une coïncidence si les liquidités ont été mises de côté juste au moment où les actions ont entamé une forte et longue reprise en mars 2009.7
On dirait que les risques géopolitiques se sont multipliés ces dernières années. Cependant, les investisseurs semblent réagir aux risques géopolitiques non pas en renonçant aux actifs à risque tels que les actions, mais en incluant dans leurs portefeuilles des titres perçus comme des couvertures contre les risques géopolitiques, comme l’or. L’utilisation de couvertures contre les risques géopolitiques semble avoir permis aux investisseurs d’être à l’aise de maintenir leur exposition aux actions. En fait, le prix de l’or a atteint un nouveau record le 20 mai, probablement en raison de l’attaque d’un pétrolier par les Houthis en fin de semaine et du décès du président iranien dans un accident d’hélicoptère, deux événements susceptibles d’attiser les tensions au Moyen-Orient. Malgré tout, cela ne semble pas entraîner les cours boursiers à la baisse.
Même si je suis confiante à l’égard des actions, je sais bien qu’il y a des risques à surveiller cette année. Je crois que nous allons assister à un ou plusieurs replis boursiers cette année, car les attentes en matière de politique monétaire peuvent changer très rapidement. Ce n’est pas grave et cela pourrait même être salutaire, car cela permettrait de profiter des baisses pour augmenter l’exposition aux actions. J’ai l’impression que nous approchons du début d’un élargissement durable de la participation au marché boursier. J’espère que cela vous rappelle qu’il faut revoir la pondération des portefeuilles d’actions afin de garantir une bonne exposition aux actions de sociétés à petite capitalisation et aux actions étrangères.
Kristina Hooper est stratège en chef des marchés mondiaux à Invesco.
Notes
1. Source : US Bureau of Labor Statistics, 15 mai 2024.
2. Source : Bloomberg, L.P. Les sept derniers cycles de baisses de taux de la Fed ont débuté le 9 juin 1989, le 7 juillet 1995, le 29 septembre 1998, le 5 janvier 2001, le 21 septembre 2007, le 2 août 2019 et le 6 mars 2020.
3. Source : FactSet Earnings Insight, 17 mai 2024.
4. Source : LSEG I/B/E/S, 14 mai 2024.
5. Source : Center for Capital Markets Competitiveness, « Corporate Liquidity Provision and Share Repurchase Programs », par Craig M. Lewis et Joshua T. White, Vanderbilt University, 24 septembre 2021.
6. Sources : LSEG Datastream et Bureau de la stratégie des marchés mondiaux d’Invesco. Les catégories d’actifs sont représentées par les indices MSCI Chine, MSCI Japon, MSCI Marchés émergents, MSCI Europe et MSCI Royaume-Uni.
7. Source : Conseil des gouverneurs du Federal Reserve System, du 31 décembre 2023 au 7 mars 2024.
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