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La Fed réduira-t-elle les taux?

Publié le 06-27-2019

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Tensions commerciales et risques pour la croissance mondiale

 

Le conseil de la Réserve fédérale américaine (la Fed) s’est réuni la semaine dernière et a clairement indiqué qu’il ne fera plus preuve de « patience » et qu’il envisage d’assouplir sa politique monétaire. Pourquoi? Le président du conseil de la Fed, Jay Powell, a expliqué que la banque centrale est préoccupée par la situation commerciale et le ralentissement de la croissance économique mondiale. Quand je m’interroge sur les perspectives de la deuxième moitié de l’année, ces deux facteurs me préoccupent aussi et je crois que le fait que les banques centrales soient disposées à assouplir leur politique monétaire pourrait aider les marchés boursiers.

La Fed va-t-elle procéder à une baisse de taux en juillet?

La réunion de la semaine dernière a accentué la soudaine « volte-face » de la Fed en janvier. Rappelons qu’en octobre dernier, M. Powell avait laissé entendre que les taux étaient « loin » du point neutre. Pas plus tard qu’en décembre dernier, il a insisté sur le fait que la normalisation du bilan resterait sur le « pilote automatique ». Puis, en janvier, la Fed a brusquement changé sa position. Elle a annoncé qu’elle prévoyait mettre un terme à la normalisation du bilan dès septembre 2019 et a laissé entendre qu’elle ferait preuve de patience avant de prendre sa prochaine décision quant à l’orientation des taux d’intérêt et qu’il pourrait aussi bien s’agir d’une hausse que d’une baisse.

Cependant, les mois ont passé et le marché s’est mis à anticiper de plus en plus un assouplissement de la politique monétaire. Puis, la réunion de la semaine dernière s’est soldée par une forte accentuation de l’assouplissement de la politique monétaire de la Fed.

* « … le bien-fondé d’une politique monétaire un peu plus accommodante est de plus en plus évident», a déclaré M. Powell à sa conférence de presse du 19 juin.1

* Le vice-président du conseil de la Fed, Richard Clarida, a expliqué ceci dans une entrevue : « Je pense qu’il y avait un large consensus autour de la table pour dire que la nécessité d’assouplir la politique monétaire a augmenté depuis notre réunion de mai. »2

* Le président de la Fed de Minneapolis, Neel Kashkari, membre sans droit de vote du Federal Open Market Committee (FOMC) cette année, a écrit dans une thèse datée du 21 juin que la Fed devrait procéder à une baisse de un demi-point de pourcentage et a ajouté ceci : « je crois qu’il faut donner un sérieux coup de barre…pour ramener les anticipations d’inflation plus près de notre cible ».3

Il me semble évident que nous assisterons à une baisse de taux à la réunion de juillet du FOMC.

Mais pourquoi donc? Qu’est-ce qui justifie cette progression constante vers un assouplissement de la politique monétaire? Les membres du FOMC ont commencé par dire qu’il fallait augmenter le taux d’inflation cible, ce qui justifie une baisse de taux qui ne nuirait pas à la conjoncture économique; c’est effectivement ce que M. Kashkari a laissé entendre la semaine dernière.

Or, ce que nous avons appris de la déclaration du FOMC, c’est que la Fed craint un ralentissement de l’économie. L’économie américaine croît à un rythme « modéré », d’après la déclaration officielle de la Fed, ce qui marque une révision à la baisse par rapport à la réunion précédente, alors que la banque centrale a qualifié la croissance économique de « forte » dans sa déclaration officielle. Par conséquent, on peut lire dans la déclaration que « le FOMC entend surveiller de près les retombées des prochaines statistiques sur les perspectives économiques et prendre les mesures nécessaires pour soutenir la croissance ». M. Powell a donné plus de détails dans sa conférence de presse et a expliqué que « la banque centrale est surtout préoccupée par la situation commerciale et le ralentissement de la croissance économique mondiale… le degré de risque semble avoir augmenté ».4

Nous parlons depuis plusieurs années des risques liés aux guerres commerciales. M. Powell a insisté sur le fait que le degré d’incertitude a augmenté et que les dépenses d’investissement des entreprises vont en diminuant. Comme je l’ai déjà mentionné, l’incertitude à l’égard de la politique économique a toujours fait chuter les dépenses d’investissement des entreprises et on dirait bien que l’histoire se répète.

D’autres banques centrales pourraient également assouplir leur politique monétaire

La Fed n’est pas la seule. La semaine dernière, la Banque centrale européenne (BCE) a manifesté son intention d’assouplir sa politique monétaire. Idem pour la Banque du Japon, qui cherche d’autres outils pour pouvoir assouplir sa politique monétaire. Même la Banque d’Angleterre, qui s’était montrée intransigeante, a révisé à la baisse les prévisions de croissance économique de la Grande-Bretagne, pour les ramener à zéro au deuxième trimestre, en invoquant les risques liés aux tensions commerciales mondiales et les craintes grandissantes d’un Brexit sans accord.

Par conséquent, l’univers des obligations d’État à rendement négatif a pris de l’expansion la semaine dernière pour atteindre environ 13 mille milliards de dollars, selon les calculs de Bloomberg.5 Cependant, le phénomène ne se limite pas à la dette publique. Bloomberg a également déclaré que près du tiers des obligations de bonne qualité génère désormais un rendement négatif. 5

Voici mes perspectives pour la deuxième moitié de 2019

Le virage des banques centrales vers une politique monétaire plus accommodante influence mes perspectives pour la deuxième moitié de 2019. Je crois que la croissance sera plus lente, car je doute que les guerres commerciales vont prendre fin. Même si les marchés boursiers ont grimpé la semaine dernière, après que le président américain Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping ont convenu de parler d’échanges commerciaux au sommet du G20 cette semaine, je vous suggère de ne pas vous faire trop d’illusions. Rien n’a changé qui pourrait laisser présager que la Chine et les États-Unis vont trouver un terrain d’entente; je dirais même que les deux parties se campent sur leur position. L’une ou l’autre des parties, sinon les deux, vont peut-être tenter de trouver du positif à dire sur les pourparlers mais, selon moi, il est très peu probable que les deux pays concluent un accord commercial de sitôt et fort probablement pas pendant la présidence de Donald Trump. Cependant, je crois que l’assouplissement marqué des politiques monétaires des banques centrales va non seulement permettre aux États-Unis et aux autres grandes puissances économiques d’éviter une récession, mais aussi à l’ensemble des actifs à risque à l’échelle mondiale de surclasser les titres sans risque.

Qui plus est, nous sommes conscients qu’il faut toujours diversifier les sources de revenu, car se fier uniquement sur les sources de revenu traditionnelles, comme les obligations d’État, pourrait ne pas fournir un revenu de retraite suffisant en périodes de bas taux de rendement.

1. Source : Bloomberg, L.P., « Fed scraps patient approach and opens door to potential rate cut », 19 juin 2019
2. Source : Entretien télévisé pour Bloomberg, cité dans le Wall Street Journal, « Fed’s Richard Clarida: ‘We’ll act as appropriate to sustain expansion’ », 21 juin 2019
3. Source : Banque de la Réserve fédérale de Minneapolis, « A strategy to re-anchor inflation expectations », Neel Kashkari, 21 juin 2019
4. Source : Washington Post, « U.S. markets mixed amid Iran tensions, G-20 anticipation », 21 juin 2019
5. Source : Bloomberg, L.P., « The world now has $13 trillion of debt with below-zero yields », 20 juin 2019

Renseignements importants :
La diversification n’est pas une garantie de profit ou n’élimine pas le risque de perte.
Le « Brexit » fait référence à la sortie prévue du Royaume-Uni de l’Union européenne. Dans le cas d'un Brexit sans accord, le Royaume-Uni quitterait l'Union européenne sans accord décrivant les modalités de leur relation.

Kristina Hooper est stratège des marchés mondiaux à Invesco. Cet article est paru initialement sur le blogue Invesco.

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© 2019 par Invesco Canada Ltée. Reproduit avec permission. Les opinions exprimées ci-dessus sont celles de Kristina Hooper au 13 mai 2019. Ces commentaires ne doivent pas être interprétés comme des recommandations, mais comme une illustration des grands thèmes. Les énoncés prospectifs ne sont pas garants du rendement futur. Ils comportent des risques et des incertitudes et sont fondés sur des hypothèses; nous ne pouvons pas vous garantir que les résultats réels ne différeront pas considérablement de nos attentes.

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