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Cela fait plus de deux ans que les gestionnaires ont commencé à calculer le risque d'un fonds de placement, en utilisant la méthode de classification du risque des fonds communs de placement de l'ACVM. (Consultez mon précédent article pour revoir la méthodologie et quelques-unes des préoccupations initiales). Deux aspects importants de la méthodologie mènent aujourd'hui à des cotes de risque incohérentes et potentiellement trompeuses. Les fourchettes statiques d'écart-type (ÉT) utilisées pour attribuer les cotes de risque représentent le premier aspect. Le deuxième est la « hausse discrétionnaire » accordée aux gestionnaires. Jetons un coup d'œil sur ces deux problèmes.
Les fourchettes d’écart-type
Selon la méthodologie, les gestionnaires doivent calculer un ÉT sur 10 ans en utilisant des données de substitution pour combler une absence d'historique si nécessaire, et doivent ensuite attribuer la cote de risque selon le tableau suivant :
Lors du développement de cette méthodologie, les régulateurs ont soutenu que les niveaux de volatilité sur 10 ans restaient cohérents au fil du temps, ce qui éliminait ainsi le besoin de modifier les fourchettes selon les conditions dominantes du marché. Cependant, l'environnement à faible volatilité des trois dernières années a jeté de sérieux doutes sur cette affirmation, ce qui avait été prédit il y a plus de deux ans.
Depuis que l'ACVM a établi les fourchettes d'écart-type en 2016, l'ÉT moyen pour chaque catégorie établie par le comité canadien des standards des fonds d'investissement (CIFSC) a diminué. En fait, pour 18 des 34 catégories possédant un historique de 10 ans en mai 2016, l'écart-type du fonds moyen est descendu d'un cran. Par exemple, un fonds moyen d'actions de ressources naturelles est passé d'un écart type de 22 % (risque élevé) à 17,5 % (risque moyen à élevé) lors des trois dernières années. Le tableau ci-dessous nous montre dans quelle mesure les autres catégories ont été touchées.
Pour plus de la moitié des fonds au Canada, les fourchettes statiques d'écart-type indiquent à présent une cote qui ne reflète pas le risque de placement avec précision.
Hausse discrétionnaire
L'intention était bonne : Donner aux gestionnaires le pouvoir de hausse discrétionnaire, et ils augmenteraient volontairement les cotes de risque (ou plutôt ne diminueraient pas les cotes de risque) si une période de faible volatilité menait à des cotes inexactement faibles. Le problème est que cette théorie ne marche en pratique que si tous les gestionnaires agissent à l'unisson. Sinon vous vous retrouvez avec des fonds similaires possédant différentes cotes de risque.
En 2017 il y a eu environ 210 diminutions de cotes de risque contre seulement 70 augmentations. En 2018, ces chiffres étaient plus proches de 200 et 80, respectivement. Au cours de ces deux années, les baisses de cotes de risque représentaient plus de 70 % de tous les changements de cotes, et près de 7 % des fonds ont diminué leur cote de risque chaque année.
Jusqu'à présent en 2019, plus de 145 fonds ont diminué leur cote de risque tandis que seulement cinq fonds l'ont augmentée. Le nombre de diminutions représente aujourd'hui plus de 12 % des fonds, et le ratio des diminutions par rapport aux augmentations est de 29 contre 1. À ce rythme, nous pourrions voir 300 autres diminutions de cotes de risque d'ici à la fin de l'année. Clairement, de plus en plus de gestionnaires profitent de l'environnement de faible volatilité pour réduire la cote de risque de leur fonds, au lieu d'utiliser la hausse discrétionnaire.
Les données suivantes se basent sur les fonds avec un historique de 10 ans et incluent 1 531 fonds (environ 40 % de l'univers des 3 856 fonds). Nous commenceront par la catégorie des Actions mondiales.
Les Actions mondiales représentent une des plus grandes catégories du CIFSC et comprend les fonds employant divers styles et approches de placement, avec des degrés de risque différents. Il n'est donc pas surprenant de voir un large éventail de chiffres de volatilité. Cependant, nous pouvons faire certaines observations intéressantes.
La première concerne le seul fonds à risque élevé. Il possède un écart-type sur 10 ans de seulement 10,4 %, légèrement au-dessus de la moyenne de la catégorie de 10,3 %, ce qui traduit une cote de risque faible à moyenne. Ce gestionnaire utilise clairement la hausse discrétionnaire, augmentant le risque de trois niveaux! Mais qu'en est-il des autres gestionnaires?
Cinq fonds possèdent une cote de risque faible à moyenne, malgré le fait que leur ÉT soit supérieur au fonds typique à risque moyen. De même, quatre fonds à risque moyen ont un ÉT plus élevé qu’un fonds typique à risque moyen à élevé. Cela illustre le problème de donner aux gestionnaires le pouvoir d'augmenter les cotes de risque à leur discrétion. Certains l'utiliseront et d'autres non, ce qui mènera à des fonds similaires avec des cotes de risque différentes.
Les Actions américaines sont une autre catégorie avec une grande disparité des cotes de risque. Le tableau ci-dessous illustre cette répartition.
Certains gestionnaires augmentent les cotes de risque à leur discrétion, comme c'est le cas pour deux fonds à risque noté élevé, dont la volatilité équivaut à un risque moyen. Mais clairement, plusieurs gestionnaires n'en font pas de même, et ont simplement baissé leurs cotes selon les fourchettes d'ÉT. Par exemple neuf fonds dont le risque est classé Moyen possèdent un écart type sur 10 ans supérieur à la moyenne des fonds dont le risque est classé Élevé, dont la fourchette de risque se situe deux crans plus haut.
Parmi 1 531 fonds, 698 ont une cote de risque plus élevée que leur écart-type sur 10 ans pourrait laisser penser. Mais ce n'est pas nécessairement un reflet exact du nombre de gestionnaires utilisant la hausse discrétionnaire. La raison est que les cotes de risque sont normalement mises à jour qu'une fois par an. Ainsi, il est possible que l’écart-type sur 10 ans d’un fonds soit récemment descendu d'un cran et le gestionnaire baissera la cote sur la prochaine fiche d'aperçu du fonds ou du FNB. Si l'on regarde les variations des chiffres de volatilité sur 10 ans depuis la dernière date de cote de risque d'un fonds, près de 400 fonds pourraient tomber dans cette catégorie. Si nous étendons cette analyse à l'univers entier, près de 1 000 fonds seraient éligibles à une baisse de cote de risque.
Les fourchettes statiques de l'ÉT conduisent à des cotes de risque plus faibles parmi toutes les catégories d'actif des fonds de placement. En attendant, la hausse discrétionnaire entraîne des cotes incohérentes entre les produits. La dernière chose que l'industrie souhaite voir est une autre série de consultations sur les cotes de risque, mais on est en droit de se demander combien de temps les régulateurs laisseront cette situation se poursuivre.
Standardiser la méthodologie des cotes de risque a été long, mais il s'agissait à la fin d'une grande victoire pour les investisseurs et d'autres acteurs de l'industrie qui recherchaient des données de produit fiables et cohérentes. C'est à présent aux régulateurs de s'assurer que les cotes de risque restent pertinentes. Sinon, quel était le but de tout cela?
Brian Bridger, CFA, FRM, est vice-président des opérations analytiques et des données à Fundata Canada Inc. et il est un membre du comité canadien des standards des fonds d'investissement (CIFSC).
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