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Je vais périodiquement dans les magasins pour prendre le pouls de l’économie américaine. La fin de semaine dernière, je suis entrée chez un concessionnaire automobile de ma région. J’ai discuté avec un vendeur qui travaille dans le domaine depuis plus de 50 ans. Il m’a dit que la situation économique lui semble très étrange en ce sens que les achats de véhicules ont augmenté (il en avait déjà vendu quatre ce jour-là), mais qu’il en va de même du nombre de personnes qui s’arrêtent pour voir s’il y a des postes à combler et qui disent être sans emploi depuis six ou neuf mois. Cela illustre bien la reprise « en forme de K » dans laquelle nous nous trouvons; certains ont vu leur situation financière s’améliorer pendant la pandémie, tandis que d’autres l’ont vue se détériorer. Or, comme je l’ai déjà dit : je suis extrêmement optimiste quant à la reprise économique aux États-Unis. Je m’attends à ce qu’elle soit beaucoup plus robuste et inclusive que les récentes reprises. Voici les raisons qui justifient mon enthousiasme :
Lors des crises précédentes, en particulier la crise financière mondiale, la reprise dépendait d’un retour lent et graduel de la confiance, qui allait inciter les entreprises et les ménages à recommencer à dépenser. Cette fois-ci, la situation est très différente. La fermeture de l’économie a été imposée et beaucoup de gens ont hâte à la réouverture afin de pouvoir à nouveau dépenser. Nous n’observons pas la méfiance qui règne généralement lors d’une récession; les entreprises et les ménages attendent simplement la distribution de masse de vaccins, qui, je crois, apportera le peu de confiance nécessaire pour une forte accélération de la reprise économique.
La distribution des vaccins aux États-Unis m’impressionne. Rien que la semaine dernière, l’Administration Biden a rapproché à deux reprises la date à laquelle tous les Américains d’âge adulte peuvent s’attendre à être admissibles à la vaccination. Le cas échéant, les États-Unis pourraient atteindre l’immunité collective dès cet été.
La semaine dernière, la Réserve fédérale américaine (Fed) a rapporté que la valeur nette des ménages à la fin de l’année 2020 s’élevait à plus de 130 mille milliards de dollars, soit 12 mille milliards de dollars de plus qu’en 2019.1 Autrement dit, la valeur nette des ménages a augmenté de 10 % pendant la pandémie, parce que de nombreux Américains (ceux qui se situent dans la patte supérieure de la reprise en forme de K) ont vu leurs perspectives financières s’améliorer pendant la crise, ce qui signifie qu’ils ont de l’argent qu’ils pourront dépenser lorsque l’économie américaine rouvrira complètement.
La semaine dernière, le plus récent plan de relance américain a également été promulgué. Cela devrait améliorer le sort de nombreux Américains qui se situent dans la patte inférieure de la reprise en forme de K, c’est-à-dire ceux qui ont le plus souffert de la pandémie. Ce plan de relance de 1,9 mille milliards de dollars devrait accentuer le rebond économique attendu pendant la deuxième moitié de 2021.
Le plan de relance est une solution à court terme; ceux qui se situent dans la patte inférieure de la reprise en forme de K auront besoin d’emplois pour que la reprise dure. Il semble que les entreprises aient déjà commencé à embaucher avant même la réouverture de l’ensemble de l’économie; comme nous l’avons vu dans le rapport de février sur le marché de l’emploi, le nombre d’emplois non agricoles a augmenté de 379 000 et la plupart de ces emplois ont été créés dans des secteurs durement touchés par la pandémie, comme les voyages et les loisirs.2 De plus, il semble que les entreprises prévoient d’embaucher davantage. Selon le rapport mensuel sur l’emploi de février de la National Federation of Independent Business, le pourcentage net des propriétaires de petites entreprises qui prévoient créer de nouveaux emplois au cours des trois prochains mois s’élève à 18 %.3
L’indice préliminaire de confiance des consommateurs de l’Université du Michigan a grimpé à 83 points en mars, un sommet depuis le début de la pandémie.4 Selon Richard Curtin, économiste en chef des sondages auprès des consommateurs, « la confiance des consommateurs a atteint un sommet en un an au début mars en raison du nombre croissant de vaccinations, mais aussi parce qu’on s’attend à ce que le plan de sauvetage de l’Administration Biden soit adopté … » Les attentes des consommateurs, en particulier, ont considérablement augmenté, ce qui suppose qu’ils attendent impatiemment la réouverture de l’économie.
Je sais que je l’ai déjà dit, mais je tiens à le répéter : les gens ont beaucoup d’argent à dépenser. Quiconque a été à New York pendant la Fleet Week (semaine consacrée à la marine américaine) sait à quoi ressemble la demande refoulée. Pendant cette semaine, les marins profitent de tout ce que New York a à offrir après avoir passé une longue période sur un navire. En raison de la pandémie, la demande refoulée est dopée aux stéroïdes. Une amie de longue date (et professionnelle de la finance) me disait récemment que, chaque jour, elle parle à ses clients fortunés qui lui confient avoir accumulé beaucoup d’argent et attendre avec impatience d’être vaccinés pour pouvoir recommencer à profiter de la vie, c’est-à-dire aller au restaurant, magasiner dans un centre commercial, voyager en avion, etc. Je soupçonne que cette frénésie de dépenses va se poursuivre tout au long de la deuxième moitié de 2021, voire plus longtemps encore.
Bref, tous les ingrédients d’une forte reprise sont réunis. Les Américains sont prêts et disposés à dépenser et ils en ont les moyens. Cependant, ces perspectives économiques très reluisantes comportent des risques, mais je crois qu’ils sont relativement faibles. Une flambée du nombre de cas d’infection à la COVID-19 pourrait retarder la réouverture de l’économie pendant un certain temps et l’apparition de mutations contre lesquelles les vaccins actuels ne nous protégeraient pas pourrait faire dérailler complètement la reprise.
Nous avons déjà assisté à une forte remontée des actions américaines par rapport au creux de la pandémie. Alors pourquoi suis-je aussi enthousiaste? Simplement parce que je pense que les marchés n’ont pas encore dit leur dernier mot.
Évidemment, il se peut que ma vision positive du marché boursier américain ne se concrétise pas, en particulier en ce qui a trait aux valorisations et aux taux à long terme.
Certes, l’évaluation des titres de l’indice S&P 500 est supérieure à la moyenne historique. Plus précisément, le ratio cours-bénéfice (C/B) prévisionnel des douze prochains mois s’élève à 21,9 fois les bénéfices, ce qui est supérieur à la moyenne sur 5 ans de 17,7 et sur dix ans de 15,8.5 Par contre, elle est inférieure à celui de 22,5 fois les bénéfices de la fin de 2020.5 De plus, les bénéfices prévisionnels pour 2021 sont supérieurs à la hausse des cours boursiers. Il est important de noter que depuis la fin de l’année, l’indice S&P 500 (indice de rendement simple) a augmenté de 4,9 %, tandis que l’estimation du bénéfice par action des douze prochains mois a bondi de 7,7 %.5 Il convient également de noter que les évaluations sont rarement de bons indicateurs de rendement à court terme.
En ce qui concerne le taux des bons du Trésor américain à dix ans, il y a toujours de fortes chances qu’il augmente, compte tenu de la vigueur de l’économie. Certains disent que s’il franchit le cap des 2 %, cela pourrait causer du tort aux marchés boursiers. Un taux de 2 % est certainement une possibilité dans ce que j’anticipe être une économie forte, mais je pense que cela ne serait qu’un mauvais quart d’heure à passer, le temps que les marchés boursiers digèrent le changement. Et, comme je l’ai déjà dit, il se peut aussi que la Fed intervienne pour faire baisser les taux d’intérêt à long terme. Déjà la semaine dernière, la Banque centrale européenne a annoncé qu’elle augmenterait les achats d’actifs, même s’il ne s’agit pas techniquement d’un mécanisme de contrôle de la courbe des taux.
Je n’en suis pas arrivée à ce degré d’optimisme sans avoir analysé la situation avec soin. Mon opinion prend en considération les efforts scientifiques et logistiques considérables qui ont été déployés pour élaborer et fournir un vaccin contre la COVID-19, la volonté politique qui a donné lieu à plusieurs rondes de mesures de relance et l’engagement d’une banque centrale à se montrer patiente et accommodante. Depuis le début de la crise, je préconise une intervention à plusieurs volets pour lutter contre la crise et je crois que nous sommes sur le point d’en constater les bienfaits.
Kristina Hooper est stratège des marchés mondiaux à Invesco. Cet article est paru initialement sur le blogue Invesco.
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Remarques
1. Source : Conseil de la Réserve fédérale américaine. La valeur nette des ménages se définit comme étant le total de l’actif moins le passif.
2. Source : Département américain de la main-d’œuvre, Bureau de la statistique du travail, 5 mars 2021.
3. Source : NFIB, rapport sur l’emploi de février 2021.
4. Source : Université du Michigan, 12 mars 2021
5. Source : FactSet Research Systems, 12 mars 2021.
NA2669
Renseignements importants
Tous les montants sont exprimés en dollars américains.
Rien ne garantit que ces prévisions vont se concrétiser.
Le ratio cours-bénéfice prévisionnel est une variante du ratio cours-bénéfice de l’entreprise et est calculé en divisant le cours actuel de l’action de l’entreprise par son bénéfice prévisionnel, habituellement pour les douze prochains mois ou le prochain exercice complet.
Le bénéfice par action (BPA) correspond au bénéfice total d’une entreprise divisé par le nombre d’actions en circulation.
L’indice de confiance des consommateurs de l’Université du Michigan, est publié mensuellement et repose sur un sondage téléphonique conçu pour analyser les attentes en matière d’économie et de dépenses personnelles.
L’indice S&P 500® est un indice non géré considéré comme étant représentatif du marché boursier américain.
Un indice de rendement simple calcule uniquement les gains ou les pertes en capital des titres d’un indice. En comparaison, un indice de rendement global incorpore les dividendes et autres paiements en espèces.
La courbe des taux illustre les taux d’intérêt, à un moment précis, de différentes obligations ayant la même cote de solvabilité, mais différentes dates d’échéance et sert à projeter les variations des taux d’intérêt et l’évolution de l’activité économique.
L’Opération Twist est un outil de politique monétaire conçu par la Réserve fédérale américaine pour faire baisser les taux d’intérêt à long terme en procédant simultanément à la vente de bons du Trésor à plus courte échéance et à l’achat de bons du Trésor à plus longue échéance.
En règle générale, les cours des actions fluctuent, parfois même considérablement, en réaction aux activités de la société émettrice, ainsi qu’à la conjoncture des marchés en général, à la situation économique et au climat politique.
Avis de non-responsabilité
© 2021 par Invesco Canada Ltée. Reproduit avec permission. Les opinions exprimées ci-dessus sont celles de l’auteur au 15 mars 2021. Ces commentaires ne doivent pas être interprétés comme des recommandations, mais comme une illustration des grands thèmes. Les énoncés prospectifs ne sont pas garants du rendement futur. Ils comportent des risques et des incertitudes et sont fondés sur des hypothèses; nous ne pouvons pas vous garantir que les résultats réels ne différeront pas considérablement de nos attentes. Tous les placements comportent des risques, y compris le risque de perte.
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