Inscrivez-vous à Forum des Fonds dès aujourd’hui et commencez à profiter de nombreuses fonctions utiles.

Canada et États-Unis : Deux méthodes différentes pour répondre à l’inflation

Publié le 07-07-2021

Partager cet article

Deux calendriers pour la réduction des mesures de relance des banques centrales

 

Face à la plus grave crise sanitaire mondiale depuis un siècle, les autorités monétaires des pays développés ont réagi avec une rapidité et une force inédites, mais aussi de façon similaire, pour la plupart. Depuis les États-Unis jusqu’à l’Australie, les pays ont abattu deux cartes dans leurs efforts de relance, à savoir des taux d’intérêt ultra-faibles et des dispositifs d’assouplissement quantitatif, en plus d’appliquer d’autres mesures extraordinaires, telles que des mécanismes de crédit d’urgence, pour faire bonne mesure. Mais la donne a changé. Dans la plupart des pays occidentaux, les campagnes de vaccination s’accélèrent et les économies avancent d’un pas hésitant vers la reprise. Aujourd’hui, la tâche des banques centrales consiste moins à contrer les effets de la pandémie, qu’à s’adapter à la fin de celle-ci.

Il est primordial de savoir quand et comment les banques centrales mettront un terme à leurs programmes d’assouplissement quantitatif et commenceront à normaliser leurs taux directeurs, mais un point apparaît d’ores et déjà clairement : le front uni que formaient les autorités monétaires ces 15 derniers mois environ commence à s’effriter.

Des voies divergentes

Heureusement pour les investisseurs dans les titres intérieurs à revenu fixe, l’un des meilleurs exemples des divergences entre politiques monétaires oppose deux banques centrales voisines ici même, en Amérique du Nord : la Banque du Canada et la Réserve fédérale américaine (la Fed).

Les États-Unis et le Canada sont tous deux en bonne voie pour enregistrer un vif rebond économique après la crise survenue en 2020, mais les premiers signaux laissent supposer que leurs banques centrales respectives réagiront différemment et selon des calendriers distincts. À vrai dire, même si les États-Unis devancent le Canada en ce qui concerne la sortie de la pandémie, ils pourraient bien être en retard sur leur voisin du Nord pour ce qui est de la normalisation de la politique monétaire. Ce retard serait alors moins dû aux différences de conjoncture économique entre les deux pays, et davantage à l’hétérodoxie qui commence à poindre parmi les banques centrales au sujet de l’inflation.

Une réponse plus ferme de la Banque du Canada

Penchons-nous d’abord sur le cas de la Banque du Canada : on remarque que son point de vue sur l’économie au cours des trois prochaines années s’est rapidement éclairci. Dans son dernier Rapport sur la politique monétaire publié en avril, la Banque du Canada relève à 6,5 % ses estimations de croissance du PIB pour l’année 2021 (soit une hausse de 250 points de base [pdb] depuis son rapport de janvier), retire une partie de la croissance prévue pour 2022 (pour la chiffrer à 3,7 %, soit un déclin de 110 pdb) et rehausse à 3,2 % son estimation pour 2023, soit une amélioration de 70 pdb par rapport à ses prévisions publiées en janvier.

La révision des projections relatives à l’inflation est encore plus éloquente : pour 2021, la Banque du Canada prévoit désormais que l’inflation fondée sur l’indice des prix à la consommation (IPC) atteindra 2,3 %, une hausse par rapport au niveau de 1,6 % initialement prévu en janvier. Pour 2022, les prévisions sont maintenant de 1,9 %, contre 1,7 % précédemment. Pour 2023, elle table sur une inflation de 2,3 %, contre 2,1 % auparavant. Pour résumer, la Banque du Canada indique aux marchés qu’elle s’attend à une croissance et une inflation plus importantes (pour une moyenne de 2 % ou plus au cours des trois prochaines années) que ce qu’elle prévoyait il y a trois mois à peine.

Il s’agit là de la moitié du casse-tête pour la Banque du Canada. L’autre moitié concerne le programme particulièrement dynamique d’assouplissement quantitatif qu’elle a mis en place au printemps dernier, et dans le cadre duquel elle achetait pour 5 milliards $CAN d’obligations chaque semaine, soit environ 22 milliards $ par mois, un niveau qui a éclipsé les efforts d’assouplissement quantitatif de 120 milliards $US par mois de la Fed, si l’on tient compte de la taille des deux pays. Si la Banque du Canada avait poursuivi sur sa lancée, elle aurait détenu 60 % des obligations d’État canadiennes d’ici la fin de cette année, ce qui n’est finalement pas le cas. À l’automne dernier, après avoir déclaré publiquement qu’elle ne souhaitait pas détenir plus de 50 % du marché, elle a abaissé son programme d’achats à 4 milliards $ par semaine, puis l’a de nouveau réduit à 3 milliards $ en avril, un niveau quasi à l’arrêt par rapport à la moyenne hebdomadaire des émissions nettes pour l’exercice 2021-2022 (environ 3,5 milliards $), conformément au budget actuel du gouvernement. Au mois d’avril 2021, la Banque du Canada détenait 42 % du marché obligataire.

Rappelons que la Banque du Canada n’a qu’un seul et unique mandat en matière de politique monétaire : celui de maintenir l’inflation aux alentours de la cible de 2 %. Les prévisions laissent entrevoir une inflation plus forte et certains s’inquiètent du niveau d’intervention sur le marché; la Banque du Canada semble donc sur le point d’adopter une position plus ferme qu’en début d’année. Elle a d’ailleurs déjà commencé à réduire progressivement ses achats, et le marché estime maintenant qu’une hausse des taux d’intérêt devrait avoir lieu quelque part au second semestre de 2022, soit six mois plus tôt que ce qu’il projetait auparavant.

Comparons maintenant cette approche avec celle de la Fed, qui a affirmé ne pas envisager une réduction de son programme d’assouplissement quantitatif, alors même que la croissance du PIB des États-Unis est plus soutenue que celle du Canada et que l’inflation dépasse sans aucun doute la cible historique des 2 %. Autrement dit, la Fed ne se soucie pas autant que la Banque du Canada de l’inflation, ou plutôt, elle ne se soucie pas exclusivement de l’inflation. Contrairement à son pendant canadien, la Fed poursuit un double mandat : maintenir l’inflation autour de 2 % et maximiser l’emploi.

La prochaine fois : Pourquoi la Fed relègue les préoccupations liées à l’inflation au second plan, et le calendrier hypothétique de réduction des mesures de relance.

David Stonehouse est vice-président principal et chef des investissements nord-américains et spécialisés à Placements AGF Inc. Il contribue régulièrement à Perspectives AGF.

Pour en savoir plus sur nos compétences en matière de titres à revenu fixe, veuillez cliquer ici.

Remarques et avis de non-responsabilité

© 2021 par AGF Ltée. Cet article a paru pour la première fois dans AGF Horizons. Republié avec permission.

Les commentaires que renferme le présent document sont fournis à titre de renseignement d’ordre général et sont fondés sur de l’information disponible au 1er juin 2021. Ils ne devraient pas être considérés comme des conseils en matière de placement, une offre ou une sollicitation d’achat ou de vente de valeurs mobilières. Nous avons pris les mesures nécessaires pour nous assurer de l’exactitude de ces commentaires au moment de leur publication, mais cette exactitude n’est pas garantie. Nous invitons les investisseurs à consulter un professionnel des placements.

Les points de vue exprimés dans cet article sont ceux de l’auteur et ne représentent pas nécessairement les opinions d’AGF, de ses filiales et de ses sociétés affiliées, et ne peuvent être associés à aucun fonds ni à aucune stratégie d’investissement.

Placements AGF est un groupe de filiales en propriété exclusive de La Société de Gestion AGF Limitée, un émetteur assujetti au Canada. Les filiales de Placements AGF sont Placements AGF Inc. (« PAGFI »), AGF Investments America Inc. (« AGFA »), AGF Investments LLC (« AGFUS ») et AGF International Advisors Company Limited (« AGFIA »). AGFA et AGFUS sont inscrites aux États-Unis à titre de conseillers. PAGFI est inscrite à titre de gestionnaire de portefeuille auprès des commissions de valeurs mobilières à travers le Canada. AGFIA est réglementée par la Central Bank of Ireland et est inscrite auprès de l’Australian Securities & Investments Commission. Les filiales faisant partie de Placements AGF gèrent plusieurs mandats comprenant des actions, des titres à revenu fixe et des éléments d’actif équilibrés.

MC Le logo « AGF » est une marque de commerce de La Société de Gestion AGF Limitée et est utilisé aux termes de licences.

Les investissements dans les fonds de placement peuvent être assortis de commissions, commissions de suivi, frais de gestion et autres frais. Veuillez lire le prospectus simplifié avant d’investir. Les fonds communs de placement ne sont pas garantis et ne sont pas assurés par la Société d’assurance-dépôts du Canada ni par tout autre organisme gouvernemental d’assurance-dépôts. Rien ne garantit que le fonds pourra maintenir sa valeur liquidative par part à un montant constant ni que le montant entier de votre placement dans le fonds vous sera remis. Les valeurs des fonds changent fréquemment et leur rendement passé n'est pas garant de leur rendement futur. Aucune garantie de rendement n'est faite ou implicite. Cet article est destiné à but informatif uniquement et il n'est pas destiné à des conseils de placement personnalisés, y compris, mais sans s’y limiter, des conseils en matière d’investissement, de finance, de droit, de comptabilité ou de fiscalité.

Inscrivez-vous à Forum des Fonds dès aujourd’hui et commencez à profiter de nombreuses fonctions utiles.