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Dix points à surveiller au quatrième trimestre

Publié le 10-22-2024

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L’économie américaine va-t-elle devenir trop chaude ?

 

Le troisième trimestre a été plutôt crucial pour les économies et les marchés, car la désinflation s’est poursuivie dans la plupart des économies développées, les grandes banques centrales des pays développés occidentaux ont largement adopté des mesures d’assouplissement et les actions ont connu un solide trimestre dans de nombreuses régions.1 À l’approche du quatrième trimestre, que pourrait-il se produire? Voici 10 points à surveiller :

1. Le prix du pétrole

Comme la grève des débardeurs américains est chose du passé (au moins jusqu’en janvier, mais elle devrait être entièrement résolue à ce moment-là), l’autre grande préoccupation macroéconomique est l’escalade des tensions au Moyen-Orient et son incidence sur le prix du pétrole.

La bonne nouvelle est que nous ne sommes plus à la fin des années 1970. Aujourd’hui, les États-Unis sont le plus important producteur mondial de pétrole brut, produisant 12,9 % du total du pétrole brut dans le monde.2 Et les États-Unis ont été le plus important producteur au cours des six dernières années; avant cela, ils n’avaient pas figuré en tête de liste depuis le milieu des années 1970.3 De plus, l’OPEP+ a eu plus de mal à parvenir à un accord sur des mesures de contrôle de la production qui aident à maintenir les prix à un niveau élevé. Par conséquent, les prix du pétrole ont été relativement bas malgré le conflit au Moyen-Orient.

Cela dit, nous avons observé une hausse importante des prix du pétrole au cours de la dernière semaine en raison des craintes qu’Israël bombarde l’industrie pétrolière iranienne. En fait, le prix du pétrole brut Brent était inférieur à 72 $ le baril le 26 septembre, mais il a augmenté à 80 $ le baril depuis.4 J’espère qu’il s’agira d’une flambée à court terme, et l’histoire récente est de mon côté. En octobre 2023 puis en avril 2024, le prix du pétrole a grimpé au-dessus de 90 $ le baril, en raison de la nervosité suscitée par l’escalade du conflit au Moyen-Orient, pour redescendre rapidement.4

2. La volatilité du marché boursier américain

Depuis le 26 septembre, alors que le prix du pétrole a augmenté, l’indice de volatilité VIX est également passé de 15 à près de 20.5 Compte tenu de la prochaine élection présidentielle aux États-Unis et de la possibilité que les prix du pétrole continuent d’augmenter, je m’attends à ce que l’indice VIX augmente encore plus à court terme. Mais nous devons garder à l’esprit que l’augmentation de la volatilité et les fluctuations des marchés peuvent être très émotives et représenter des occasions offertes par des évaluations erronées.

3. Les prix de l’or

Les prix de l’or ont continué d’augmenter au troisième trimestre. Je considère l’or comme une couverture contre les risques géopolitiques. De nombreux investisseurs semblent à l’aise de délaisser le spectre du risque, à condition d’avoir des couvertures dans leur portefeuille, comme l’or. J’ai remarqué qu’au cours de la dernière décennie, l’or semble avoir remplacé les obligations du Trésor américain comme « valeur refuge » de choix pour de nombreux investisseurs. Je m’attends à ce que cette tendance se poursuive, compte tenu de l’incertitude entourant les élections américaines et de l’intensification des tensions au Moyen-Orient.

L’or pourrait également se révéler plus intéressant pour certains investisseurs, car le coût de renonciation lié à la détention d’or diminue à mesure que les taux baissent. Il est important de reconnaître que dans ce contexte, la hausse des prix de l’or n’indique pas nécessairement une aversion pour le risque.

4. L’économie de la zone euro

L’économie de la zone euro a été très résiliente, mais elle est soumise à une pression accrue. Les données de l’indice des directeurs d’achats de la zone euro pour septembre montrent que le secteur manufacturier est en pleine contraction (l’Allemagne en particulier fait face à de très fortes difficultés) et que l’activité des services, bien qu’elle soit toujours en expansion, se situe à son plus bas niveau des sept derniers mois.6

La bonne nouvelle est que l’estimation rapide de l’inflation dans la zone euro en septembre était de 1,8 %, en baisse par rapport à 2,2 % en août, ce qui est notable, car il s’agit de la première fois que l’inflation chute sous la barre de cible de 2 % de la Banque centrale européenne (BCE) depuis juin 2021,7 ce qui accroît la probabilité d’une autre baisse de taux lorsque la BCE se réunira la semaine prochaine. Toutefois, il ne s’agit pas d’un fait accompli, car l’inflation dans le secteur des services demeure élevée, malgré certains progrès en matière de désinflation. En raison des pressions qui s’exercent sur l’économie de la zone euro, j’espère que la BCE continuera d’assouplir sa politique monétaire, ce qui devrait stimuler l’économie, qui en a bien besoin.

5. L’inflation aux États-Unis

Après la publication, la semaine dernière, d’un rapport extrêmement solide sur l’emploi en septembre, les craintes d’une économie trop vigoureuse aux États-Unis ont repris. Non seulement la création d’emplois a été beaucoup plus élevée que prévu, mais la croissance des salaires a maintenant augmenté de 4,0 % sur 12 mois, ce qui est nettement supérieur au taux de croissance de 3,6 % sur 12 mois enregistré en juillet.8 En fait, cette crainte de surchauffe a commencé plus tôt cette semaine avec l’indice ISM des directeurs d’achats de services pour septembre, qui était de 54,9, soit bien au-dessus de celui du mois d’août, de 51,5.9 De plus, le sous-indice des nouvelles commandes a atteint un énorme 59,4 en septembre, soit plus de 6 points de plus que celui de 53 affiché en août.9 Cette situation a effrayé les marchés, surtout dans la foulée de la réduction de taux gigantesque de la Réserve fédérale en septembre.

Nous surveillerons les données de près, car le discours de Jay Powell, président de la Réserve fédérale américaine (Fed), lundi dernier, a clairement indiqué que la Fed est toujours tributaire des données, ce qui comprend les données sur l’inflation : « Comme je l’ai mentionné, notre décision de réduire notre taux directeur de 50 points de base témoigne de notre confiance croissante que, grâce à un rajustement approprié de notre politique, la vigueur du marché de l’emploi peut être maintenue dans un contexte de croissance économique modérée et de baisse durable de l’inflation à 2 %. Si l’économie évolue globalement comme prévu, la politique monétaire se rapprochera au fil du temps d’une position plus neutre. Mais nous ne sommes pas sur une voie préétablie. Les risques sont à double tranchant et nous continuerons de prendre nos décisions réunion par réunion. Alors que nous envisageons d’autres ajustements à la politique monétaire, nous évaluerons attentivement les nouvelles données, les perspectives changeantes et l’équilibre des risques.»10

6. La trajectoire des politiques monétaires

En général, je m’attends à ce qu’un certain nombre de grandes banques centrales progressent plus lentement que prévu dans leur politique monétaire. Par exemple, je ne serais pas surprise que la Fed change de cap et n’applique qu’une seule autre hausse de taux cette année. Et maintenant que le Japon a un nouveau premier ministre, une Banque du Japon déjà prudente, consciente de la réaction du marché à sa dernière hausse de taux, pourrait ralentir son processus de normalisation. En général, je pense que les banques centrales poursuivront leur politique monétaire respective, mais qu’elles seront plus prudentes à court terme.

7. Les actions du Royaume-Uni

Je ne peux m’empêcher d’être enthousiaste à l’égard des actions britanniques. Je sais qu’il existe des facteurs défavorables à court terme quant au budget de l’automne, qui devrait être publié le 30 octobre, mais les évaluations de l’indice MSCI Royaume-Uni sont intéressantes par rapport à celles des pays développés.11 L’économie du Royaume-Uni a bien résisté jusqu’à présent et les bilans des ménages du Royaume-Uni sont solides, même si la confiance a récemment été ébranlée par les craintes à l’égard du budget. Les catalyseurs de la hausse des actions britanniques pourraient simplement être la suppression de l’incertitude une fois le budget publié ainsi que la poursuite de l’assouplissement de la politique monétaire. De plus, le rendement en dividendes de l’indice britannique a été robuste à 3,64 %, ce qui est nettement supérieur au rendement de 1,87 % de l’indice MSCI Monde tous pays.12

8. Taux des obligations du Trésor américain à 10 ans

Le taux des obligations du Trésor américain à 10 ans a remonté au-dessus de 4 %, les marchés repensant la trajectoire de la Fed.13 Ce n’est pas surprenant, compte tenu des solides données économiques récentes des États-Unis. Toutefois, je pense qu’il y aura une forte volatilité au cours des prochaines semaines et je m’attends à ce que le taux fluctue considérablement, en raison des données économiques, des communications de la Fed et même des préoccupations entourant l’élection.

9. Les mesures de relance en Chine

Comme je l’ai déjà dit, les mesures de relance récemment annoncées pourraient avoir une incidence très importante sur l’économie chinoise et stimuler des secteurs de l’économie européenne, comme les fabricants de produits de luxe, en raison de leur dépendance à l’égard des consommateurs chinois. Bien entendu, je m’attends à ce que les actions chinoises en profitent fortement. Nous avons déjà observé une réaction positive à ce qui a été annoncé jusqu’à présent, et je m’attends à ce que le potentiel de hausse soit plus élevé à mesure que nous obtiendrons plus de détails sur les mesures de relance. Jusqu’ici, je trouve cela très encourageant, mais nous devrons porter une attention particulière aux détails des mesures de relance budgétaires, qui sont nécessaires pour accompagner les mesures de relance monétaires.

10. La période de publication des résultats

Les évaluations boursières aux États-Unis ont été élevées,14 et la période de publication des résultats aux États-Unis revêt donc encore plus d’importance à mes yeux. FactSet estime la croissance des bénéfices sur 12 mois de l’indice S&P 500 à 4,2 % pour le troisième trimestre.15 Et nous avons déjà vu 60 sociétés de l’indice S&P 500 émettre des prévisions de bénéfices négatives, tandis que seulement 50 sociétés ont émis des prévisions positives.15 Le fait est que les analystes ont revu leurs prévisions de bénéfices à la baisse avec une marge plus importante que d’habitude entre le début du trimestre et maintenant. Toutefois, je suis encouragée par le fait qu’un plus grand nombre de sociétés dépasseront probablement ces attentes réduites et qu’il me semble qu’un faible pourcentage seulement de l’ensemble des sociétés afficheront une croissance négative des bénéfices.

Comme toujours, je porterai une attention particulière aux commentaires et aux orientations accompagnant les prévisions de bénéfices; cela sera essentiel pour nous donner une idée de l’état de l’économie et des bénéfices du prochain trimestre.

Kristina Hooper est stratège en chef des marchés mondiaux à Invesco.

Notes

1. Source : MSCI. Pour le trimestre terminé le 30 septembre 2024, l’indice MSCI Europe a inscrit un rendement de 6,63 %, l’indice MSCI Royaume-Uni, de 7,94 %, l’indice MSCI États-Unis, de 5,93 %, l’indice MSCI Japon, de 5,88 %, l’indice MSCI Chine, de 23,64 % et l’indice MSCI Marchés émergents, de 8,88 %.
2. Source : Energy Information Administration des États-Unis, 11 mars 2024
3. Source : American Enterprise Institute, 11 juin 2019
4. Source : Bloomberg, au 7 octobre 2024.
5. Source : Bloomberg, au 7 octobre 2024.
6. Source : S&P Global/HCOB, octobre 2024
7. Source : Eurostat, octobre 2024
8. Source : Rapport sur la situation de l’emploi aux États-Unis, 4 octobre 2024
9. Source : Institute for Supply Management, octobre 2024
10. Source : Transcription du discours de la Réserve fédérale américaine, 30 septembre 2024
11. Source : MSCI, au 30 septembre 2024. L’indice MSCI Royaume-Uni affichait un ratio cours/bénéfice de 12,86 comparativement à 21,76 pour l’indice MSCI Monde tous pays
12. Source : MSCI, au 30 septembre 2024.
13. Source : Bloomberg, L.P., au 7 octobre 2024
14. Source : MSCI, au 30 septembre 2024. L’indice MSCI États-Unis a affiché un ratio cours/bénéfice de 27,33, comparativement à 21,76 pour l’indice MSCI Monde tous pays
15. Source : FactSet Earnings Insight, 4 octobre 2024.

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Image: iStock.com/Nomadsoul1

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