Inscrivez-vous à Forum des Fonds dès aujourd’hui et commencez à profiter de nombreuses fonctions utiles.

Le ton ferme de la Fed

Publié le 11-17-2023

Partager cet article

La banque centrale n’est pas prête à déclarer la fin du resserrement

 

La semaine dernière, trois événements intéressants ont attisé l’incertitude des investisseurs : les taux des obligations américaines à long terme ont augmenté de manière significative par suite de l’adjudication décevante des effets du Trésor américain à 30 ans1 et des propos bellicistes du président du conseil de la Réserve fédérale américaine, Jay Powell, qui a affirmé que les autorités monétaires ne sont pas encore prêtes à déclarer la fin du resserrement de la politique monétaire. De plus, des sondages ont révélé que les anticipations d’inflation des consommateurs de la zone euro et des États-Unis ont augmenté. Enfin, vendredi dernier, à quelques jours d'une possible paralysie des services publics américains, Moody's a annoncé que ses perspectives à l’égard de la dette américaine sont passées de neutres à négatives et a menacé d'abaisser la cote de crédit des États-Unis. Tout cela est effectivement très intéressant, mais je ne crois pas que ce soit très pertinent pour les marchés et voici pourquoi.

Les propos bellicistes de M. Powell n’ont rien d’étonnant

Je m’attendais à ce que les dirigeants du Federal Open Market Committee (FOMC) reviennent à un « Fedspeak » belliciste si les marchés se montraient trop enthousiastes. Pour citer la reine Gertrude dans Hamlet de Shakespeare, je crois que M. Powell « proteste trop ». À mon avis, ses propos de la semaine dernière étaient purement performatifs et avaient pour but de stabiliser les conditions financières; ils n’ont rien changé à mes perspectives.

Il en va de même d’autres propos bellicistes tenus récemment par la Fed, comme l’avertissement récent de Neel Kashkari, gouverneur de la Réserve fédérale de Minneapolis, qui a dit : « Nous n’avons pas complètement résolu le problème de l’inflation. Nous avons encore du pain sur la planche pour en arriver là »2, ce qui est tout à fait normal, puisque les marchés ont commencé à se réjouir un peu trop tôt au goût de la Fed.

Les anticipations d’inflation à court terme sont habituellement volatiles

En ce qui concerne les anticipations d’inflation des consommateurs, le plus récent sondage de la zone euro a révélé un pic des anticipations d’inflation sur un an. Le plus récent sondage de l’Université du Michigan sur les attentes des consommateurs a aussi signalé un pic des anticipations d’inflation sur un an aux États-Unis. Cependant, il est important de noter que les anticipations d’inflation à court terme sont habituellement plus volatiles et souvent influencées par les prix de l’énergie.

Le printemps dernier, nous avions observé un pic similaire des anticipations d’inflation sur un an des consommateurs des États-Unis et de la zone euro, qui a coïncidé avec une hausse marquée des prix du pétrole brut. Je crois que le pic actuel sera relativement bref, étant donné que les prix du pétrole ont chuté considérablement ces dernières semaines.

Il est vrai que les banques centrales surveillent de près les anticipations d’inflation, mais elles veillent surtout à ce que les anticipations à long terme (plutôt que celles à court terme, en l’occurrence sur un an) soient « bien ancrées ». Le sondage de l’Université du Michigan sur les anticipations d’inflation à plus long terme des consommateurs américains a révélé une plus faible augmentation, mais cette augmentation n'a pas été constatée dans le sondage de la Réserve fédérale de New York sur les attentes des consommateurs. En fait, les résultats du plus récent sondage, qui ont été dévoilés le 13 novembre, montrent une légère baisse de la médiane des anticipations d’inflation sur cinq ans. En passant, le sondage de la Réserve fédérale de New York montre aussi une diminution des anticipations d’inflation sur un an, qui reflète peut-être déjà la récente chute des prix du pétrole.

Les marchés semblent désensibilisés aux avertissements de crédit

Lorsque Moody’s a abaissé ses perspectives sur la dette américaine la semaine dernière, elle a évoqué la tempête parfaite des taux d’intérêt plus élevés et « l’absence d’une politique budgétaire efficace pour réduire les dépenses publiques ou augmenter les recettes fiscales ».2 Le moment choisi pour l’annonce, à quelques jours d’une possible paralysie des services publics, ne semble pas être une coïncidence. Moody’s a expliqué que « la polarisation politique qui perdure au Congrès américain accroît le risque que les gouvernements subséquents ne parviennent pas à un consensus sur un plan budgétaire à adopter pour ralentir l’augmentation du fardeau de la dette ».3

Toutefois, même si Moody’s procède à une décote, je doute que cela ait un impact significatif sur les marchés. N'oublions pas que « nous avons déjà vécu une situation semblable ». À l’été 2011, S&P a émis un avertissement, puis a abaissé la cote de crédit des États-Unis. Cet avertissement a provoqué un choc et les marchés ont réagi violemment, mais depuis, les marchés semblent désensibilisés aux avertissements et aux décotes. En mai 2023, Fitch a mis la cote de crédit des États-Unis sous surveillance en raison de l’impasse sur le plafond de la dette. Puis, au début du mois d’août, elle a abaissé la cote de crédit des États-Unis, ce à quoi les marchés ont très peu réagi. Je crois que les marchés réagiront de la même manière si Moody’s décide d’abaisser la cote de crédit des États-Unis.

En réalité, ce serait en demander beaucoup aux États-Unis de devenir moins dysfonctionnels et plus responsables sur le plan budgétaire. Comme nous l’avons appris avec la création de la Commission nationale Simpson-Bowles sur la responsabilité budgétaire et la réforme fiscale en 2010 (effort bipartisan pour réduire le déficit), presque tous les postes de dépenses du gouvernement fédéral sont considérés comme intouchables par l’un ou l’autre camp et le climat politique est beaucoup plus polarisé aujourd’hui

La bonne nouvelle est qu’il n’y a pas un mais deux leviers à actionner pour atténuer les problèmes de dette des États-Unis. L’un d’eux, celui des taux d’intérêt, est plus facile à actionner que l’autre, en l’occurrence, la réduction du déficit budgétaire. Même si j’espère que les législateurs américains pourront coopérer pour réduire le déficit budgétaire à plus long terme, je suis réaliste : les baisses de taux auront un effet beaucoup plus rapide et seront plus efficaces à court terme. J’espère que la Fed commencera à baisser ses taux plus tôt que tard en 2024.

Dates à surveiller

Cela étant dit, il n’y aura pas que des événements politiques et géopolitiques la semaine prochaine. L’indice des prix à la consommation (et des prix à la production) américain sera rendu public et c’est une donnée importante que la Fed va analyser à sa réunion de décembre. J’aimerais profiter de l’occasion pour rappeler que tous les points de données ne soutiendront pas parfaitement la thèse de la désinflation. Malgré tout, je crois fermement que la désinflation est bel et bien amorcée.

Kristina Hooper est stratège en chef des marchés mondiaux à Invesco.

Notes de bas de page

1. Source: Bloomberg.
2. Source : Reuters, « Kashkari: Fed has more work to do to control inflation », 6 novembre 2023
3. Source: Moody’s

Avis de non-responsabilité

© 2023 par Invesco Canada Ltée. Reproduit avec permission.

Il ne s’agit pas d’une recommandation d’une stratégie de placement ou d’un produit pour un investisseur en particulier. Les investisseurs devraient consulter un professionnel financier avant de prendre des décisions de placement.

Les opinions exprimées ci-dessus sont celles de l’auteure au 13 novembre 2022. Ces commentaires ne doivent pas être interprétés comme des recommandations, mais comme une illustration des grands thèmes. Les énoncés prospectifs ne sont pas garants du rendement futur. Ils comportent des risques et des incertitudes et sont fondés sur des hypothèses; nous ne pouvons pas vous garantir que les résultats réels ne différeront pas considérablement de nos attentes.

La diversification ne garantit pas un bénéfice et n'élimine pas le risque de perte.

Il ne s’agit pas d’une recommandation d’une stratégie de placement ou d’un produit pour un investisseur en particulier. Les épargnants devraient toujours consulter leur conseiller financier avant de prendre des décisions de placement.

Tout investissement comporte des risques, y compris un risque de perte.

Les performances passées ne sont pas une garantie des résultats futurs.

En général, la valeur des actions fluctue, parfois fortement, en fonction des activités propres à l'entreprise ainsi que des conditions générales du marché, de l'économie et du climat politique.

Les investissements dans les fonds de placement peuvent être assortis de commissions, commissions de suivi, frais de gestion et autres frais. Les fonds communs de placement ne sont pas garantis, leur valeur change fréquemment et le rendement passé peut ne pas se répéter Veuillez lire le prospectus simplifié avant d’investir. Vous pouvez en obtenir des exemplaires auprès de votre conseiller ou d'Invesco Canada Ltd.

Les fonds de placement ne sont pas garantis et ne sont pas assurés par la Société d’assurance-dépôts du Canada ni par tout autre organisme gouvernemental d’assurance-dépôts. Rien ne garantit qu'un fonds ou un titre pourra maintenir sa valeur liquidative par titre à un montant constant ou que le plein montant de votre placement dans le fonds vous sera rendu. Les valeurs des fonds changent fréquemment et leur rendement passé n'est pas garant de leur rendement futur. Aucune garantie de rendement n'est faite ou implicite. Ce qui précède existe uniquement à des fins d’information générale. Ces informations ne visent pas à fournir des conseils personnalisés spécifiques, y compris, mais sans s’y limiter, des conseils en placement, financiers, juridiques, comptables ou fiscaux.

Image: iStock.com/McIninch

Inscrivez-vous à Forum des Fonds dès aujourd’hui et commencez à profiter de nombreuses fonctions utiles.